Luc Picard
Pr. Luc Picard

Discours du Pr Luc PICARD à Cologne le 07 octobre 2016

Mr le Professeur GRODEN, Président de la Société Allemande de Neuroradiologie,
Messieurs les Professeurs BERLIS et GIZEWSKI, Présidents du Congrès de Cologne,
Chers Collègues,
Chers Amis,
Mesdames messieurs,
Chère Maria Moersdorf,

C’est naturellement pour moi un immense plaisir d’être reçu et nommé Membre d’Honneur par votre Société avec les membres de laquelle j’ai progressivement noué des liens particulièrement attachants. A cet Honneur qui m’est rendu, je tiens à associer mes proches collaborateurs et amis les Professeurs Jacques ROLAND, Serge BRACARD, Marc BRAUN et René ANXIONNAT.

Avec votre Société, notre histoire commune a débuté il y a près de 50 ans. En effet, c’est en 1969 que nous avons fondé ensemble la Société Européenne de Neuroradiologie à Colmar, à proximité immédiate de notre frontière commune. Parmi les membres fondateurs, figuraient de nombreux compatriotes Allemands et Français. C’est indiscutablement dans le cadre de cette Société Européenne que se sont tissés entre nous des liens tout d’abord scientifiques puis progressivement amicaux. C’est avec beaucoup d’émotion que je rappellerai que ma première invitation à faire une conférence en Allemagne m’avait été faite par mon ami le Pr Hans Hacker. Avec son épouse, il avait eu la délicatesse de m’inviter le soir chez lui en compagnie de plusieurs collègues européens convaincus, qui parlaient tous parfaitement Français.

Dans le court laps de temps qui m’est imparti, il est naturellement impossible de citer toutes les amitiés que j’ai pu nouer avec des collègues de votre société à l’occasion des multiples cours et congrès auxquels j’ai pu participer dans nos deux pays ainsi que dans de nombreux pays européens et dans tous les continents. Je prie tous mes amis ici présents de bien vouloir m’en excuser.

En 1978, au Symposium Neuroradiologicum de Wiesbaden, j’avais eu l’honneur d’être sollicité pour faire une lecture consacrée à la toute jeune histoire de la neuroradiologie Interventionnelle en remplacement de mon

Maître et Ami le Pr René DJINDJIAN qui venait de nous quitter prématurément.

Plus tard, grâce à mon Maître Neurochirurgien le Pr Jean LEPOIRE, j’ai eu la chance de pouvoir développer au CHU de Nancy une Neuroradiologie Interventionnelle rapidement indépendante ce qui m’a permis d’accueillir dans mon Service de nombreux stagiaires étrangers et en particulier allemands. Parmi eux je citerai Andréas BENDER, Thomas HAGEN et bien sûr Maria MOERSDORF avec laquelle nous poursuivons une active et amicale collaboration. L’expérience acquise m’a alors conduit à recevoir de nombreux patients étrangers et en particulier allemands afin de traiter par embolisations partielles progressives des malformations artério veineuses cérébrales et médullaires puis ultérieurement des anévrismes.

Ce riche passé commun doit nous permettre de nous tourner vers un avenir que nous devons absolument construire ensemble. Nous allons en effet avoir à faire face à de nombreux défis parmi lesquels je ne citerai que les principaux :

1 - Le défi des connaissances : bien que notre spécialité soit initialement basée sur l’image, les fabuleux progrès de nos technologies ont considérablement élargi le champ de nos moyens d’investigation. Ne serait ce que parce qu’à la morphologie, nous associons maintenant régulièrement le fonctionnel. Avec les nanotechnologies nous allons être confrontés au « non visible » alors que parallèlement nous devrons aussi prendre en compte la génétique dans nos interprétations. Ceci explique pourquoi j’ai toujours défendu et je continue à défendre notre nécessaire ouverture vers les Neurosciences au sens large. Nos spécialités classiques existent depuis plus d’un siècle de telle sorte qu’elles ne sont plus adaptées à l’évolution actuelle. Il ne s’agit absolument pas de détruire nos spécialités actuelles mais il est indispensable et urgent d’ouvrir des ponts entre elles afin de pouvoir répondre avec efficacité et compétence à ces nouveaux défis.

Bien sûr nous devrons aussi éviter certains écueils et en particulier celui de l’hyperspécialisation de telle sorte qu’il importe de conserver des liens très étroits entre Neuroradiologie Diagnostique et Neuroradiologie Interventionnelle.

2 – Un autre grand défi que nous allons devoir continuer à relever ensemble est le défi Ethique qui a de multiples facettes. En dehors de la véritable

corruption qui atteint progressivement tous les pays sur tous les continents, la neuroradiologie diagnostique va être confrontée à la définition du cerveau normal avec toutes les immenses conséquences sociales et médico légales que cela implique. Parallèlement depuis de nombreuses années, la Neuroradiologie Interventionnelle est confrontée aux difficiles indications des traitements préventifs, parfois à hauts risques, secondaires aux découvertes fortuites. De plus, si actuellement en tant que médecins, nous sommes confrontés aux problèmes de la restauration du normal, les prochaines décennies seront marquées par les problèmes posés par l’amélioration du normal c’est à dire par ce que l’on appelle communément « l’homme augmenté ». Le rôle de la Neuroradiologie au sens large sera alors primordial car l’augmentation des capacités humaines concernera aussi bien les capacités physiques que les capacités intellectuelles ce qui risque bien entendu de créer de fantastiques bouleversements des équilibres de nos sociétés humaines. A tout ceci nous devons donc réfléchir ensemble afin de nous préparer au mieux et surtout y préparer nos élèves

Ces quelques défis sont tellement gigantesques que nous devons absolument développer d’étroites réflexions et collaborations entre nos sociétés respectives. Les problèmes posés ne sont bien évidemment pas uniquement techniques, ils impliquent des aspects sociaux, culturels et même religieux que nous partageons. Indépendamment de toute réflexion politicienne, je crois à l’impérieuse nécessité de développer une Europe Scientifique qui seule pourra nous permettre d’établir les indispensables règles nécessaires à une prise en charge efficace et homogène de nos patients dans nos pays respectifs.

Bien sûr nous avons des congrès mondiaux siège de fructueux échanges mais je crois qu’un travail de base est nécessaire au sein de structures plus restreintes et partant plus efficaces.. Il y a de nombreux moyens parmi lesquels l’échange de jeunes collaborateurs sera certainement à renforcer.

Il ne s’agit pas là d’un message uniquement personnel mais en tant qu’ancien Secrétaire Général puis ultérieurement Président de la Société Française de Neuroradiologie et avec le plein accord du Président actuel de la SFNR le Professeur Alexandre KRAINIK et son Comité Exécutif, je formule des vœux pour que nos deux sociétés renforcent de plus en plus les liens que nous avons déjà créé ensemble depuis de longues années.

A Cologne le 07 octobre 2016 Pr. Luc PICARD

Discours du Pr Alexande KRAINIK à Cologne le 07 octobre 2016

Version Originale

Herr Präsident GROBEN,
Frau Präsidentin GIZEWSKI,
Herr Präsident BERLIS,
Lieber Professor PICARD,
Kolleginnen und Kollegen,

Als Präsident der SFNR, der Französischen Gesellschaft für Neuroradiologie, und gleichzeitig als Deutschliebhaber, bin ich sehr erfreut und geehrt, heute Abend hier zu sein. Vielen Dank für den herzlichen Empfang.
Dies ist meine erste Rede in deutscher Sprache. Man hat mir etwas dabei geholfen.
Dies ist auch mein erster Besuch in einer ausländischen nationalen Gesellschaft. Und es ist kein Zufall, dass es sich um die Deutsche Gesellschaft für Neuroradiologie handelt.

Als Professor Luc Picard mir mitteilte, dass man ihm heute die Ehre erweisen würde, war es für mich eine einzigartige Gelegenheit, Sie und die deutsche Gesellschaft für Neuroradiologie, eine der größten nationalen Gesellschaften ihrer Art in Europa, kennenzulernen.
Das Ausmaß dieses Treffens, der Reichtum und die Vielfalt Ihrer Programme in Diagnostik und Interventioneller Neuroradiologie, spiegeln eine notwendige Einheit, eine offensichtliche Anforderung, sowie eine wertvolle Nähe wider.

Einheit, Anforderung und Nähe sind auch die 3 Hauptwerte der SFNR.

Sie ehren heute Abend Professor Luc Picard und Sie haben Recht, sein Werk ist monumental.
Luc Picard hat die Neuroradiologie aufgebaut. Natürlich besitzt er die Bescheidenheit, diese Arbeit mit seinen Meistern und Kollegen zu teilen.
In der Medizin hat Luc Picard Kreativität, Wagemut, Ausdauer und Selbstlosigkeit bewiesen.

  • Er erfand neue Behandlungen.
  • Er setzte sich gegen Zweifler und Skeptiker durch.
  • Er hat zahlreiche Studenten ausgebildet und sein Wissen weltweit geteilt.

Noch heute begründen Professoren wie Serge BRACARD und René ANXIONNAT, der zukünftige Präsident des SFNR, die Exzellenz der Schule von Nancy, die von Luc Picard geschaffen wurde.
Luc hat es geschafft, alle Mittel zu nutzen, um die Neuroradiologie zu entwickeln.
Unter anderem schuf und führte er den Vorsitz der SFNR. Er gründete und leitete das Journal of Neuroradiology, dessen Impact Factor im Jahr 2015 auf 2.7 erhöht wurde.
Er gründete und leitete die European Society of Neuroradiology und die World Federation of Interventional and Therapeutic Neuroradiology.
Mit einem solchen Hintergrund, war es ganz natürlich, über Geschichte zu reden, als wir uns kennenlernten. Wir diskutierten mit Leidenschaft.
Luc sprach über Neuroradiologie und ich sprach über Deutschland. Denn ich habe eine besondere Beziehung zu Deutschland und dies nun seit fast 30 Jahren.
Es ist eine persönliche Geschichte. Aber es ist auch eine Geschichte von Mut und Leidenschaft.
Diese Geschichte fand ihren Anfang auf der anderen Seite der Mauer. Schnell wurde daraus ein Abenteuer. Schon einmal empfingen Deutsche damals Flüchtlinge. Aber zu dieser Zeit waren die Flüchtlinge ebenfalls Deutsche. Vielleicht waren einige von euch darunter.
Am 3. Oktober haben Sie die deutsche Wiedervereinigung gefeiert, der Grund dafür, warum Sie dem 7. Oktober 49, der Gründung der DDR, nicht mehr gedenken.
Indem Deutschland heute wieder Tausende von Flüchtlingen aufnimmt, ehrt das deutsche Volk seine Geschichte. Dies tut es mit Großzügigkeit, Mut und Pragmatismus. Vielleicht morgen werden unter euch die Flüchtlinge von heute sein.

Die Geschichte zu erläutern, bedeutet das Gedächtnis zu bewahren.
Das Gedächtnis zu bewahren, bereitet die Zukunft vor.
Und um die Zukunft vorzubereiten, müssen wir uns den Herausforderungen der Gegenwart stellen.
Die Geschichte mit Luc zu erläutern ist ein Privileg. Die Neuroradiologie braucht Erinnerungsvermögen.
Die Geschichte mit Luc zu erläutern, bedeutet seine Vision der Neuroradiologie von morgen zu teilen.
Die Geschichte mit Luc zu erläutern, bedeutet die Neuroradiologie zu zelebrieren, die heute Patienten rettet.

Vielen Dank dafür, dass Sie Professor Luc Picard und der Französischen Neuroradiologie die Ehre erweisen.

Prof. Dr A. Krainik
Präsident der Société Française de Neuroradiologie
Köln, 7 Oktober 2016 

Version Française

Monsieur le Président GROBEN,
Madame la Présidente GIZEWSKI,
Monsieur le Président BERLIS,
Cher Professeur Picard,
Mes chers collègues,

En tant que président de la Société Française de Neuroradiologie, en tant que germanophile, je suis très heureux et très honoré d’être parmi vous ce soir. Je vous remercie très sincèrement pour votre accueil chaleureux. Il s’agit de mon premier discours en Allemand. On m’a un peu aidé.Il s’agit également de ma première visite d’une société nationale étrangère, et ce n’est pas un hasard si c’est la Deutsche Gesellschaft für Neuroradiologie.
Quand le Professeur Luc Picard m’a prévenu de l’honneur que vous lui rendiez aujourd’hui, j’ai tout de suite pensé qu’il s’agissait d’une excellente opportunité pour vous rencontrer et découvrir la plus grande société nationale de neuroradiologie en Europe.
L’ampleur de votre congrès, la richesse et la diversité de votre programme en Neuroradiologie Diagnostique et en Neuroradiologie Interventionnelle, témoignent d’une unité nécessaire, d’une exigence évidente et d’une précieuse proximité.

Unité, Exigence et Proximité sont également les 3 valeurs portées par la SFNR.

Vous honorez ce soir le Professeur Luc Picard et vous avez raison tant son œuvre est monumentale.
Luc Picard a bâti la Neuroradiologie. Bien sûr, il a la modestie de partager cette paternité avec ses maitres et ses collègues.
En médecine, Luc Picard a fait preuve de créativité, d’audace, de persévérance et d’altruisme.

  • Il a inventé de nouveaux traitements.

  • Il a fait face aux réticences et a su convaincre les sceptiques.

  • Il a formé de très nombreux élèves et partager largement son savoir à travers le monde.

Aujourd’hui encore, les professeurs Serge Bracard et René Anxionnat, le futur président de la SFNR, portent l’excellence de l’école de Nancy créée par Luc Picard. Luc a su utiliser tous les moyens pour développer la Neuroradiologie. Entre autres, il a créé et présidé la SFNR. Il a créé et dirigé le Journal de Neuroradiologie dont l’Impact Factor 2015 est passé à 2,7. Il a créé et présidé l’European Society of Neuroradiology et la World Federation of Interventional and Therapeutic Neuroradiology. Avec une telle histoire, il était normal que nous parlions d’histoire lors de notre première rencontre. Nous l’avons évoquée avec passion. Luc m’a parlé de Neuroradiologie et je lui ai parlé d’Allemagne. Car j’ai une histoire particulière avec l’Allemagne depuis près de 30 ans.
C’est une histoire plus intime. Mais c’est aussi une histoire de courage et de passion. Cette histoire est née de l’autre côté du mur de Berlin. Rapidement, ce fut une aventure. Des allemands accueillaient déjà des réfugiés. A cette époque les réfugiés étaient allemands. Peut-être que certains réfugiés d’hier sont parmi vous aujourd’hui. 
Le 3 octobre, vous avez commémoré la réunification allemande, raison pour laquelle on ne commémore plus aujourd’hui, 7 octobre, la création de la RDA.En accueillant à nouveau des milliers de réfugiés, l’Allemande fait honneur à son histoire. Elle le fait avec générosité, courage et pragmatisme. Peut-être que certains réfugiés d’aujourd’hui seront parmi vous demain.

Evoquer l’histoire, c’est construire la mémoire.
Construire la mémoire, c’est préparer l’avenir.
Et préparer l’avenir, c’est faire face aux défis du présent.
Evoquer l’histoire avec Luc est un privilège. Car la neuroradiologie a besoin d’une mémoire.
Evoquer l’histoire avec Luc, c’est partager sa vision de la neuroradiologie de demain.
Evoquer l’histoire avec Luc, c’est d’ores et déjà célébrer la neuroradiologie qui sauve les patients d’aujourd’hui.

Merci à vous d’honorer Luc Picard et la Neuroradiologie française.

Prof. Dr A. Krainik

Président de la Société Française de Neuroradiologie

Cologne, 7 Octobre 2016