Patrick Courthéoux est décédé le dimanche 3 avril 2016 à son domicile de Caen à l’âge de 64 ans. Cette nouvelle a été un très grand choc pour l’ensemble de la communauté neuroradiologique. C’est une longue et forte amitié qui me liait à Patrick qui était à la fois secret, enthousiaste, curieux, chaleureux, attentif aux autres et tant d’autres qualités. De nombreux neuroradiologues étaient présents à Caen pour ses obsèques, sonnés par ce départ si soudain. J’ai souhaité que le Journal of Neuroradiology lui rende hommage. Alexandre Krainik (président SFNR) apporte son témoignage. Nous publions également les textes prononcés par Apolline Kazémi au nom de la SFNR et Charlotte Barbier, l’une de ses dernières élèves, lors de ses funérailles. Evelyne Emery, Emmanuel Touzé et Fausto Viader (responsables des services de neurochirurgie et de neurologie vasculaire du CHU de Caen) ont également accepté de témoigner de l’engagement de Patrick auprès des malades et dans les activités d’enseignement et de recherche du CHU de Caen. Enfin, Franc¸oise et Nicolas Courthéoux, l’épouse et le fils de Patrick, nous ont fait parvenir un message plein d’émotion adressé à notre communauté et je les en remercie vivement.
Laurent Pierot, rédacteur en chef

Nous arrivons à Paris la veille de notre congrès. Patrick est déjà là, prêt à accueillir et échanger.
Ces journées passent vite. Patrick est toujours là pour partager. Le retour approche. Patrick regarde la Seine et le ciel. Nous nous félicitons. Nous nous encourageons. Et Patrick part. Engagé et généreux.
Alexandre Krainik, président de la SFNR

Monsieur Courthéoux,
« Ô capitaine, mon capitaine,
Levez-vous et entendez les cloches !
Levez-vous, c’est pour vous le drapeau hissé,
Pour vous le clairon vibrant,
Pour vous bouquets et couronnes enrubannés,
Pour vous les rives noires de monde. »
Mais capitaine, vous avez affalé les voiles brutalement sans nous le dire ; nous tous votre équipage.
Vous avez fait un AVC dimanche alors que vous étiez de quart.
Un sacre taquin mais un sacré bon capitaine. Que de tempêtes avez-vous écumées. . .
Et pour quels horizons ?

Vous avez connu les débuts de la neuroradiologie interventionnelle, cette aventure folle et palpitante d’il y a 40ans, celle des pionniers, des amoureux, des aventuriers. . .
Oui, vous et Mr Théron avaient créé l’école caennaise de neuroradiologie.
Cette école est vivante et elle peut être fière de ses valeurs : la créativité, la curiosité, l’énergie, l’adaptation aux nouvelles techniques, le challenge et le partage. . .
Certains ont vu votre compétence et votre talent comme une source de rivalité ; alors que seul le combat contre la maladie vous animait. 
Capitaine, ces dernières années, vous avez du braver des tentatives de sabotage.
Apres avoir été déchu de votre capitainerie, votre équipage a été décimé à plusieurs reprises ; au mépris des vies que vous avez sauvées.
Vous leur avez opposé une bonhomie flegmatique pour ne pas trahir votre désarroi.
Pour maintenir à flot le navire contre vents et marées, vous êtes resté seul souvent. Cela n’a pas arrangé votre santé. Certes, vous ne ménagiez pas votre vaisseau. Toujours sur le pont ou de quart. Mais aussi mordant la vie à pleines dents. Vous aimiez festoyer. . .
Amoureux d’art, d’icônes, féru d’histoire ; vous étiez passionné de voyages.
Mais il vous restait des rivages à découvrir.
En société, vous aviez toujours la petite anecdote qui savait étonner, faire rire, ou réchauffer les coeurs quand il fallait. Un grand farceur. . .
Quand vous aimiez, vous aimiez.
Fidèle en amitié.
Et ce aussi avec votre équipage dont j’ai fait partie. On pouvait toujours compter sur vous en cas de problème, c’était si rassurant. Vous n’étiez pas un spéculateur, on le sait, mais un vrai maître à bord lorsqu’il s’agissait du terrain ou de la recherche.
Ne faut-il pas être demi-dieu pour réussir à tout conjuguer ?

Vous avez tenu bon jusqu’au bout.
Et ne vous inquiétez pas, l’équipage que vous avez formé n‘a pas fait naufrage.
Certains d’entre nous reprendront votre navire avec honneur, vaillance et fierté, capitaine, car vous avez formé des générations de médecins.
Vers des cieux cléments et des mers du sud bleu azur, aux odeurs de Provence,
Bon cap et bon vent !
Merci Monsieur.
Charlotte Barbier (hommage prononcé aux obsèques de Patrick)

C’est avec regret que nous vous faisons part du décès du Pr Patrick Courthéoux à l’âge de 64 ans. Neuroradiologue interventionnel émérite du CHU de Caen, bien connu de l’ensemble de la communauté pour avoir été l’un des membres actifs de sa spécialité et de la SFNR pendant plus de 30 ans. Il faisait partie des pionniers de la neuroradiologie interventionnelle et participait à nos côtés avec toute sa passion au dernier congrès de la SFNR.
Patrick nous a quittés brutalement le dimanche 3 avril, à son domicile, dans son sommeil. Son dévouement et sa haute expertise forçaient le respect. Sa gentillesse et sa courtoisie, son intelligence et sa curiosité le faisaient apprécier de chacun. Il était pour beaucoup d’entre nous un ami.
C’est au nom de la SFNR que nous lui adressons nos remerciements et que nous tenons à partager notre peine avec celle de sa famille et de ses amis, devant le grand vide qu’il nous laisse.
Apolline Kazémi, pour le bureau de la SFNR

Le 3 avril 2016, notre collègue le Professeur Patrick Courthéoux nous a quittés brutalement. Nous avons perdu un expert et un ami. Il avait participé au développement d’une neuroradiologie interventionnelle de pointe à Caen, avec une reconnaissance nationale et internationale.
Diplômé de la faculté de médecine de Saint-Antoine, il a ensuite été interne au CHU de Caen dès 1977 et a mené toute sa carrière hospitalo-universitaire à Caen. Il a ensuite participé à l’essor national de la neuroradiologie interventionnelle pour le traitement des anévrismes et des malformations artérioveineuses. Cet essor a été favorisé par l’amélioration des techniques d’imagerie et des dispositifs médicaux permettant une meilleure navigation dans les artères et le traitement endovasculaire de ces lésions vasculaires, responsables d’accidents vasculaires cérébraux graves. L’habilité technique de Patrick Courthéoux était reconnue de tous. Elle lui permettait de prendre en charge des situations complexes aussi bien chez l’adulte que chez l’enfant. Il a formé de nombreux élèves en France et à l’étranger. Il avait aussi une expertise dans le diagnostic et le traitement des malformations vasculaires périphériques. Plus récemment, il s’était fortement impliqué dans la prise en charge des infarctus cérébraux par thrombectomie mécanique. Sa disponibilité était exemplaire, parfois même en dehors des heures de garde. Le partage d’expériences, l’analyse et la discussion des dossiers complexes avec les neurochirurgiens et les neurologues en faisaient un collègue très estimé, un expert précieux et recherché, y compris à l’étranger où il était fréquemment sollicité comme consultant, et plus encore un homme attentif et sincère pour qui l’amitié était une valeur profonde. La disparition prématurée de Patrick Courthéoux est une perte irréparable pour le CHU de Caen.
Son engagement s’était aussi traduit par une implication au sein de la Société franc¸aise de neuroradiologie et des sociétés internationales de neuroradiologie. Ses collègues de l’UFR médecine, les équipes du CHU et ses élèves souhaitaient lui rendre un hommage.
Evelyne Emery, Emmanuel Touzé, Fausto Viader

La disparition brutale de Patrick nous a laissé tristes et désemparés. Par la qualité et l’intensité de l’hommage que vous lui avez rendu, par votre présence nombreuse, par les lettres de témoignage, vous nous apportez beaucoup de réconfort.
Patrick était discret voire secret, la neuroradiologie était sa passion ; vous étiez ses collègues, ses amis, il aimait vous retrouver à Paris, Val d’Isère et ailleurs. Alors merci à tous : au Prs et Drs Serge Bracard, Nader Sourour, Laurent Spelle, Laurent Pierot, Hubert Desal, Denis Herbreteau, Jacques Drouineau, Jacques Chiras, Sophie Gallas, Francis Turjman, Georges Rodesch, Alain Bonafé, Suzana Saleme, Apolline Kazémi, Charlotte Barbier et tous ceux que Nicolas et moi n’avons pu saluer, dont je ne connais pas les noms mais qu’il aimait. Merci aussi à tous les collaborateurs des laboratoires. Merci pour votre fidélité qui l’a aidé dans les moments délicats d’une longue carrière hospitalière. Merci pour Nicolas qui peut admirer sans réserve le travail de son père.
Et merci pour moi que vous consolez.

Françoise et Nicolas Courthéoux