A l'occasion de la réforme des DES, la SFNR rappelle son attachement à la formation initiale en Neuroradiologie Interventionnelle telle qu'elle est décrite dans l'arrété de compétence du 15 mars 2010. Une formation pratique et théorique exigeante est nécessaire pour une sélection et un traitement efficace et sûr des patients. Le contenu de l’arrêté n’est que le fruit de l’expérience acquise par l’école de neuroradiologie interventionnelle française qui fut pionnière il y a plus de 30 ans et qui demeure parmi les meilleures du monde. A ce jour, aucune innovation pédagogique ne permet d’envisager une réduction drastique de la durée de cette formation initiale à 1 an.

Dans ce contexte, la SFNR et les responsables de tous les centres de NRI de France ont écrit au Doyen B. Schlemmer, chargé de la réforme des DES, au Pr L. Boyer, président du Collège des Enseignants de Radiologie de France, au Pr M. Zuber, président du Collège des Enseignants de Neurologie.

 

Monsieur le Doyen, Messieurs les Présidents,

Nous, praticiens hospitaliers responsables des centres de Neuroradiologie Interventionnelle, enseignants-chercheurs en Neuroradiologie, maîtres de conférences et professeurs de Médecine et membres du Collège des Enseignants de Radiologie de France (CERF) vous alertons sur le danger pour les patients du projet de réforme de la maquette du troisième cycle concernant la formation en Neuroradiologie Interventionnelle (NRI).

Aujourd’hui, en rupture complète avec l’esprit initial de dialogue qui avait animé la conception de cette nouvelle maquette initiée sur les propositions du rapport COURAUD-PRUVOT, la Direction Générale de l’Organisation des Soins, les Ministères de la Santé, de l’Education Nationale et de la Recherche souhaitent imposer une réduction délétère de la formation des professionnels de la Neuroradiologie Interventionnelle qui s’appliquerait notamment aux gestes de thrombectomie dans les accidents vasculaires cérébraux ischémiques (AVC) et qui nous parait dangereuse pour les patients.

Les AVC sont pris en charge en coordination étroite avec les neurologues des unités neuro-vasculaires de territoires et peuvent bénéficier d’une thrombolyse IV et/ou d’une thrombectomie.

La thrombectomie mécanique est un traitement complexe réalisé par voie endovasculaire mis au point par la neuroradiologie interventionnelle. Il permet de réduire de façon significative le handicap après un AVC par occlusion d’une grosse artère. Le bénéfice en termes d’autonomie pour le patient, attesté par plusieurs études scientifiques récentes dont l’étude THRACE soutenue par le Ministère de la Santé, a été obtenu par des praticiens bien formés aux actes de neuroradiologie interventionnelle dont fait partie la thrombectomie.

La compétence des neuroradiologues interventionnels répond à l’Arrêté du 15 mars 2010, élaborée en concertation avec les professionnels. Elle comporte, pour des médecins d’horizons divers (radiologues, neurologues ou neurochirurgiens), trois ans de formation pratique dans des services respectant strictement des conditions de pluridisciplinarité, d’activité, de qualité et d’équipement lourds de haut niveau, requis par cette médecine spécialisée de recours. En outre, deux années de formation théorique sont requises. Elle est en tout point conforme aux recommandations européennes et internationales.

Cette formation initiale exigeante est le fruit de la réflexion et de l’expérience de l’école de neuroradiologie interventionnelle française qui organise chaque année 3 des 4 principaux congrès internationaux de ce domaine (ABC/WIN, LINNK, ESMINT). Notre formation et le maintien de cette compétence par une activité NRI minimum permettent d’assurer aux patients la qualité et la sécurité des soins. La réalisation de ces actes très techniques par des praticiens mal ou insuffisamment formés expose à des risques de complications graves. C’est pourquoi nous sommes particulièrement inquiets des propositions visant à raccourcir la durée et la qualité de cette formation afin d’accroitre le nombre d’opérateurs au risque d’altérer l’efficacité du traitement et la sécurité du patient.

La SFNR, consciente des quelques difficultés régionales d’accès à la thrombectomie, a initié depuis plus d’un an, en coordination avec la neurologie vasculaire, la médecine d’urgence, la DGOS et les ARS, une démarche pour les identifier et améliorer l’accès des patients à la thrombectomie.

La qualité des soins est au centre de nos préoccupations. Le meilleur gage de sécurité et d’efficacité est la qualité de la formation prodiguée aux jeunes médecins. Les neuroradiologues interventionnels participent, nuit et jour, en semaine comme le week-end, depuis plus de trois décennies, à la prise en charge de patients souffrant d’accident vasculaire cérébral. Ils sont naturellement les garants de la qualité de cette formation et demandent à être entendus sur le contenu, la durée de formation et sur l’encadrement de cette activité.

Les enseignants et les responsables des centres de Neuroradiologie Interventionnelle de France ne cautionneront pas une formation insuffisante et dangereuse pour les patients.

Nous vous prions de croire, M le Doyen, Messieurs les Présidents, à l’expression de nos préoccupations et de nos sentiments les meilleurs.

Pr A. Krainik, Pr R. Anxionnat, Pr H. Desal, Pr F. Bonneville pour les responsables des centres de neuroradiologie interventionnelle de France et le bureau exécutif de la SFNR, le 20 février 2017.