C’est avec une profonde tristesse que toute l’équipe de Neuroradiologie de l’hôpital Henri Mondor, ainsi que les membres du bureau de la SFNR, font part du décès du Professeur André Gaston, survenu le 12 août 2025.
Figure marquante de notre discipline, il a profondément marqué par son engagement, son enseignement et son humanité.
Vous trouverez ici un hommage rédigé par ses élèves, ses collègues et ses amis, témoignant de l’empreinte durable qu’il laisse dans nos mémoires et dans notre communauté.
Un hommage lui sera rendu lors du prochain congrès de la SFNR.
Hommage au Professeur André GASTON, ancien chef de service de Neuroradiologie, CHU Henri Mondor, Créteil.
Août 1978 : après le départ de Gérard Debrun au Canada, le directeur des affaires médicales de l’Assistance publique demanda au Pr Claude Marsault d’exercer la moitié de ses fonctions hospitalières à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul et l’autre moitié à l’hôpital Henri-Mondor, l’ancien chef de clinique de Gérard Debrun, Pierre Lacour, ayant été nommé un an plus tôt chef de service à Reims. À son arrivée, le service était un quasi-désert. Mais un miracle se produisit en octobre 1978 avec l’arrivée des nouveaux internes : André Gaston faisait partie de la promotion. Non seulement il resta interne un an, mais il revint ensuite comme chef de clinique dans le service. À partir de ce moment, une collaboration intense fut initiée et se révéla particulièrement fructueuse, aboutissant dans un premier temps au développement de la neuroradiologie diagnostique et en particulier à l’obtention d’un deuxième scanner à Henri-Mondor. Parallèlement, André Gaston et Claude Marsault continuèrent à recevoir des patients présentant des fistules carotido-caverneuses – qui étaient traitées antérieurement par Gérard Debrun et Pierre Lacour – collaborant avec eux notamment pour optimiser l’attache et le largage des ballonnets. Ce fut l’initialisation d’une grande collaboration entre Reims et Henri-Mondor. C’était également le début de la neuroradiologie interventionnelle à Henri-Mondor, largement développée ultérieurement par André Gaston. Au moment de son départ pour la Pitié-Salpêtrière, le Professeur Marsault savait que le service était dans d’excellentes mains, la promotion universitaire d’André Gaston et la suite de l’histoire l’ont largement démontré.
Pierre Brugières fit la connaissance d’André Gaston au cours de son internat chez Claude Marsault, et tous deux lui transmirent leur passion pour la neuroradiologie. André Gaston est ainsi, pour Pierre Brugières, l’exemple parfait du Mondorien et de la méritocratie. D’origine modeste, il entreprit ses études de médecine à Créteil et connut une ascension professionnelle très rapide. Durant son internat, il s’initia, à Lariboisière, auprès de Jean-Jacques Merland et de Marie-Claire Riché, à la neuro-imagerie thérapeutique encore balbutiante.
Toujours attentif aux derniers développements de la neuroradiologie interventionnelle, André Gaston mit en valeur toutes les qualités – réflexion, imagination, habileté, persévérance, disponibilité – qui firent de lui un neuroradiologue interventionnel de premier plan. Il sut nouer des liens et des collaborations nationales et internationales. Il forma également un grand nombre d’élèves qui peuvent tous témoigner de la qualité de sa réflexion dans la planification des gestes thérapeutiques et de son dévouement aux patients. André Gaston s’investit aussi beaucoup dans l’imagerie diagnostique. Dans les années 1980, celle-ci reposait quasi exclusivement sur la radiographie standard, la tomographie, la myélographie et l’artériographie. Afin de faire face à cette activité lourde – quatre à six artériographies et quatre à six myélographies quotidiennes, sans compter les examens réalisés au cours de la Grande Garde de neurochirurgie – André Gaston et Claude Marsault formèrent une équipe médicale et paramédicale qui resta très soudée. Edith Valiente, Philippe Thomas, Pierre Brugières, ainsi que Catherine Combes – prématurément disparue – et Anne Maraval, sont infiniment reconnaissants pour l’enseignement et la formation pratique dont ils ont pu bénéficier auprès d’André Gaston.
La tomodensitométrie venait à peine de faire son apparition dans les hôpitaux et le CHU Henri-Mondor pouvait s’enorgueillir de posséder, en 1983, le premier imageur corps entier de la région parisienne. Avec la participation de François Le Bras, et à la suite d’un énorme travail de synthèse bibliographique, André Gaston et Claude Marsault furent à l’origine du premier livre d’imagerie du système nerveux en langue française, insistant sur l’analyse sémiologique. Parallèlement, André Gaston créa, avec Claude Marsault et François Le Bras, le premier cours de neuroradiologie en pratique clinique.
Au départ de Claude Marsault en 1989, André Gaston devint chef de service de Neuroradiologie. Cette nomination intervint au moment même où un imageur 1,5 T corps entier était installé à l’hôpital Henri-Mondor, dont il confia la responsabilité à Pierre Brugières. Par la suite, André Gaston participa activement et apporta tout son soutien au développement de la neuroimagerie en IRM, en œuvrant avec l’équipe d’Imagerie Médicale du CHU Henri-Mondor afin d’optimiser le plateau technique, qui passa de deux IRM en 2000 à cinq en 2025.
Il fut pendant de longues années le responsable et le coordonnateur du DIU de Neuroradiologie, dont l’objectif était de former de façon optimale les chefs de clinique et assistants. Faisant appel aux équipes les plus dynamiques de la spécialité, il permit aux plus jeunes de rester informés des évolutions de la neuroradiologie.
Durant toutes ces années, André Gaston continua à jouer un rôle essentiel dans la prise en soin des patients, dans le maintien et la consolidation des filières, en veillant à la continuité et à l’excellence des soins. Dans les dernières années de sa carrière, il s’investit dans la cimentoplastie. C’est en particulier dans cet exercice qu’il démontra son exceptionnelle disponibilité : tenter de traiter la douleur dans les délais les plus courts. Toujours au service des patients, de ses collègues et de ses élèves, le Professeur Gaston incarnait avec humilité et constance la mission du médecin : transmettre son savoir-faire, partager son expérience et rester disponible, quel que soit le temps nécessaire.
Son intelligence vive, sa curiosité pour les innovations, son ouverture aux nouvelles techniques et aux nouveaux dispositifs témoignaient de son exceptionnelle capacité d’adaptation et de sa volonté de toujours faire progresser la discipline.
À cette stature professionnelle s’ajoutait une dimension humaine rare : le Professeur Gaston possédait un sens de l’humour singulier, exprimé dans des formules qui sont devenues de véritables références au sein du service. Pas un jour ne passe sans que l’une de ces phrases cultes ne soit reprise, rappelant avec sourire et tendresse la marque indélébile qu’il a laissée parmi nous.
Au-delà du cadre strictement professionnel, le Professeur Gaston entretenait avec chacun un rapport empreint de bienveillance et de sollicitude. Sans jamais être envahissant, il savait se montrer présent et attentif, apportant aide et réconfort dans les difficultés de la vie quotidienne, avec une discrétion et une humanité qui touchaient profondément ceux qui avaient la chance de travailler à ses côtés. Il se réjouissait avec fierté de voir ses successeurs et ses élèves poursuivre son œuvre, à la hauteur des ambitions qu’il avait portées tout au long de sa carrière.
Avec sa disparition, nous perdons un grand médecin, un maître exigeant et bienveillant, un homme d’une humanité et d’un esprit inoubliables. Mais son héritage demeure vivant dans l’engagement de ceux qu’il a formés et inspirés. À travers cet hommage, nous exprimons toute notre reconnaissance au Professeur André Gaston et adressons à ses proches l’expression de notre profonde sympathie.
Claude Marsault, Pierre Brugières, Frédéric Ricolfi, Sophie Gallas, Raphaël Blanc, Titien Tullier, Erwann Kalsoum, Anne Maraval et l’ensemble du bureau de la SFNR.